Entre le magasinage de la rentrée et celui des Fêtes, chaque automne nous ramène celui des écoles. En effet, un nombre grandissant de parents choisissent d’envoyer leurs enfants dans un établissement privé, où les inscriptions s’effectuent à cette période de l’année. Les écoles mènent des campagnes de publicité afin d’attirer la clientèle, les parents courent les journées « portes ouvertes » et, dans l’espoir d’obtenir pour leurs enfants une bonne place, sinon la meilleure, les inscrivent souvent à plusieurs examens d’admission.
Au Québec, le secteur privé accueille présentement 12,5% de la clientèle des niveaux primaire et secondaire, soit un total de 110 000 élèves. Depuis quinze ans, cette part est en croissance. Ainsi, en 1998-1999, 15,8% des élèves de niveau secondaire fréquentait le privé, cette proportion passant à 21% en 2012-2013.
Le qualificatif privé peut par ailleurs porter à confusion. Au Québec, les écoles dites privées sont en fait subventionnées à 60% par le gouvernement provincial.
Malgré cet apport, lorsqu’on ajoute aux frais de scolarité ceux pour les manuels, cahiers et autre matériel, uniformes, chaussures, activités, la facture annuelle s’élève bien souvent à près de 5 000 $. Une famille comptant deux enfants devra donc débourser au total environ 50 000 $ afin d’envoyer ceux-ci dans un établissement privé durant tout leur cours secondaire.
Pour un parent, il est tout à fait légitime de vouloir que ses enfants fréquentent les meilleures écoles. Et, pour être franc, certaines écoles publiques, particulièrement au secondaire, éprouvent des difficultés à remplir leur mission. Dans ce contexte, on comprend que plusieurs parents qui peuvent en assumer les coûts envoient leurs enfants au privé.
Il est par contre troublant de voir l’éducation devenir un service que l’on marchande, alors qu’elle devrait être un droit assuré pour tous.
L’école doit accueillir tous les enfants, même ceux moins doués, moins fortunés, plus lents ou plus turbulents, avec pour objectifs de les instruire, les encadrer, leur donner des moyens de développer leur potentiel. Le revenu familial ne devrait pas déterminer la qualité de l’éducation que reçoivent les élèves, à défaut de quoi celle-ci risque de devenir l’apanage des plus privilégiés, qui auront accès au système privé ; les autres n’auront d’autre choix qu’une école publique au prise avec des problèmes croissants qui malheureusement limitent les possibilités de réussite.
Considérant la valeur de l’éducation, ne souhaitons-nous pas comme société offrir la meilleure possible à chacun de nos enfants ? Ce but apparaît plus difficilement atteignable lorsque l’enseignement se voit soumis aux lois du marché.
S.v.p. commenter sous votre vrai nom.