Ces temps-ci, on voit souvent annoncées des voitures compactes neuves à seulement 99 $ par deux semaines.
Faisant un calcul très rapide, certains consommateurs se disent qu’il leur en coûterait à peine plus cher de posséder une automobile que d’utiliser le transport en commun. S’ils prenaient le temps d’évaluer le coût réel de possession et d’utilisation d’une voiture, leur conclusion serait bien différente.
Le groupe de recherche interdisciplinaire sur le développement durable des HEC Montréal vient de publier à ce sujet l’étude « Les coûts réels de l’automobile, un enjeu mal perçu par les consommateurs et les institutions ». Les auteurs, Luc Gagnon et Pierre-Olivier Pineau, ont cherché à mesurer l’ensemble des coûts, directs et indirects, associés à l’automobile. Lorsqu’on tient compte de tous ceux-ci, et ils sont plus nombreux que l’on pense, la voiture n’apparaît plus comme une aubaine.
Bien sûr, plusieurs variables entrent en ligne de compte, dont les principales sont la taille de la voiture et le kilométrage annuel. L’étude présente quelques évaluations. Par exemple, selon les données du CAA, une voiture de taille moyenne roulant 20 000 km par an et conservée pendant cinq ans coûtera en moyenne 10 483 $ par année, soit 52 ¢ par km. Une compacte parcourant annuellement 15 000 km et conservée sept ans reviendra à 7 458 $ par année ou 50 ¢ par km (pour estimer les coûts de votre voiture ou de celle que vous convoitez, vous pouvez utiliser le calculateur du CAA en y entrant vos paramètres).
Des dépenses non négligeables… Mais il ne s’agit ici que des coûts directs (financement, essence, entretien, dépréciation, permis, assurances et immatriculation). Lorsqu’on prend en considération les coûts indirects, comme le stationnement, le déneigement de l’entrée, le temps consacré à l’entretien, la facture peut augmenter de 2 000 $ par an.
Les chercheurs se sont aussi intéressés aux coûts externes, qui ne sont pas directement assumés par les automobilistes, comme le coût des infrastructures routières, des stationnements, des services routiers (police, pompiers), des accidents de la route, ainsi que ceux entraînés par les différentes formes de pollution produites par les automobiles, incluant les GES ; selon l’étude américaine citée, l’ensemble de ces coûts s’élèverait à une moyenne de 5 200 $ par an.
Les auteurs poursuivent en soulignant que, lors du choix d’un lieu de résidence, les acheteurs de maison sous-évaluent largement les coûts de transport. En effet, bien des ménages préfèrent s’établir en banlieue en raison du coût significativement moins élevé des maisons. Or, une résidence en banlieue implique presque toujours l’utilisation d’une voiture et bien souvent de deux. L’étude compare différentes situations. Par exemple, un couple sans enfant, ne possédant pas de voiture et se déplaçant principalement en transport en commun, prenant des taxis et louant des voitures à l’occasion, pourrait se permettre une habitation valant jusqu’à 560 000 $, alors qu’un couple utilisant deux voitures, parcourant respectivement 20 000 et 15 000 km par an, ne pourrait s’offrir, considérant leurs dépenses de transport, qu’une maison de 200 000 $. Lorsque le coût réel du transport est pris en considération, la banlieue n’est plus toujours l’option la plus économique.
Bien que les auteurs incluent certains frais pouvant être discutables (comme la valeur du temps consacré par l’automobiliste à ses visites au garage et à la station service) , il en demeure que les dépenses réelles associées à une voiture dépassent largement la simple mensualité annoncée dans les réclames des manufacturiers. Et lorsque les coûts externes sont mis dans la balance, l’automobile devient très onéreuse, non plus seulement au niveau des montants déboursés par son propriétaire mais aussi en raison des coûts sociaux qu’elle génère et qui sont assumés par l’ensemble de la population.
Quelques statistiques présentées dans la recherche :
En 2011 au Québec, la flotte d’automobiles et de camions légers de promenade était de 4,36 millions de véhicules (SAAQ, 2012). Elle s’est accrue de 1,3% en 2010, alors que la population québécoise augmentait de 0,9%.
En 2011, les dépenses directes des ménages québécois pour le transport ont totalisées 32,47 $ milliards (Statistique Canada, 2013), soit l’équivalent de près de la moitié du budget du gouvernement québécois, de 68,83 $ milliards en 2011-2012. C’est davantage que les dépenses en Santé et Services sociaux de 29,12 $ milliards en 2011-2012 (Conseil du trésor Québec, 2012).
En moyenne, chaque ménage québécois a dépensé 10 393 $ pour le transport en 2011. Seulement 7% de ces dépenses ont été faites en transport collectif, incluant l’avion. Le transport en commun (autobus, métro et trains de banlieue) n’a représenté une dépense moyenne que de 225 $ par ménage, soit 2% du budget transport des ménages québécois.
Les véhicules privés occupent ainsi 20% des dépenses de consommation courante des ménages québécois.
C’est tellement + sain de Marcher et de prendre l’Autobus en Ville.
Le hic c’est que ta banque qui prête aux consommateurs ne peut pas prendre pas en considération le transport qui est une donnée variable. Résultat les familles vont vivre en banlieue. Le problème est plus complexe que ne laisse l’entendre l’article.