Dans l’encart publicitaire d’un magasin de jouets, on annonce un moule à boules de neige (6,95 $), un dispositif à faire et à lancer des boules de neiges (12,95 $), un pistolet (39,95 $) ainsi qu’une arbalète à boules de neige (44,95 $).

Après une chute de neige bien collante, nous nous sommes probablement tous au moins une fois livré une bataille de boules de neige.   Tout comme la construction de forts, la confection de bonhommes de neige et le creusage de tunnel, il s’agit d’un des petits plaisirs de l’hiver. De plus, ce jeu tout simple ne demandait aucun matériel… jusqu’à ce qu’un entrepreneur songe à fabriquer et vendre des moules et autres dispositifs pour fabriquer et lancer des boules de neige.  Ainsi, pour une centaine de dollars, on peut désormais équiper ses deux enfants afin qu’ils puissent mouler leurs balles et les projeter avec un pistolet ou une arbalète.

On voit là une nouvelle démonstration de ce que j’appelle le « syndrome du kit ».  Pour s’adonner à une activité, il faut maintenant acquérir une panoplie d’accessoires. Par exemple, on tente parfois de nous faire croire qu’il n’est plus possible de faire du vélo avec seulement une bicyclette, il faudrait en plus des chaussures à clip, un cuissard, un maillot coloré comme ceux des coureurs du tour de France, des gants, un odomètre, des verres fumés aérodynamiques…

Bien sûr, la nature et surtout le niveau de pratique d’un sport requièrent l’équipement adéquat.   Mais lorsqu’il s’agit d’un simple loisir, est-ce nécessaire d’être équipé comme un athlète olympique ?

On encadre aussi beaucoup les activités sportives, même chez les très jeunes enfants : ligues officielles, avec uniformes, arbitres, terrain réglementaire, tournois, trophées, site web présentant les statistiques des équipes et des joueurs… Organiser n’est pas en soi une mauvaise chose ; mais cela implique des coûts supplémentaires, des contraintes d’horaire, des déplacements qui deviennent parfois une barrière à la pratique des sports, sans parler de la pression qu’impose une compétition souvent très forte entre participants.

On en vient à oublier le plaisir du jeu à sa plus simple expression, sans organisation, sans compétition excessive, sans équipements coûteux.  Il suffit de sortir et se retrouver avec d’autres pour jouer au parc ou dans une cour, avec ce qu’on a, parfois seulement un ballon ou même une vieille boîte de conserve (les plus vieux se souviendront probablement d’avoir dans leur enfance joué à kick la canisse).  Et rappelons que, malgré les « progrès » de l’économie qui nous offre désormais un kit pour presque tout, il demeure toujours possible de se livrer une bataille de balles de neige sans avoir besoin d’aucun accessoire, seulement ses mains, ses bras… et son sourire.