On nous présente souvent l’économie comme étant soumise à des lois aussi rigides que celles de la physique. Or l’économie est essentiellement basée sur des conventions, des usages et des comportements. La monnaie, le commerce, la finance sont des inventions humaines. Au fil du temps, différents systèmes économiques se sont développés. Jusqu’à maintenant, aucun ne s’est avéré parfait. Aucun non plus n’est immuable.
Les défenseurs du capitalisme et du libre marché prétendent qu’il s’agit du meilleur système. C’est effectivement le meilleur, pour ceux qui en profitent ! Il permet en effet de créer des fortunes colossales. Par contre, il se soucie beaucoup moins de répartir équitablement la richesse. De plus, son objectif premier étant la quête du profit, il appelle pour l’atteindre à une incessante croissance économique. Or à terme celle-ci se révèle insoutenable, nous entraînant vers de graves problèmes sociaux et environnementaux.
Face à cela, des gens réalisent que les règles économiques sont faites par des humains et devraient servir ceux-ci, au lieu de les asservir à la croissance du capital. Des initiatives naissent ici et là, proposant de nouvelles façons d’organiser notre vie économique, par exemple…
Un centre commercial solidaire
La ville de Limeil-Brévannes, en France, connaît de sérieuses difficultés économiques. Dans le quartier de Saint-Martin, 20 % des ménages sont en chômage. C’est là qu’a été ouvert le « Panier plus ». Dans cette épicerie, les prix sont en fonction des moyens des clients. Ainsi, les personnes les plus pauvres reçoivent une « Carte plus », qui leur offre des réductions allant jusqu’à 75 % du prix affiché. Ces rabais sont possible grâce à la solidarité entre consommateurs, puisque ceux plus fortunés financent l’aide à ceux qui le sont moins, à raison de trois clients réguliers pour une « Carte plus ».
Le « Panier plus » a été ouvert sur une ancienne place commerciale en voie de revitalisation. Celle-ci comptait au départ une friperie pour adultes et une autre pour enfants, ainsi qu’une laverie à prix modique. Depuis, d’autres commerces se sont ajoutés ou le feront sous peu, dont un atelier de cuisines du monde, un salon de coiffure, un café solidaire et une auto-école sociale.
Un commerce collaboratif
Au supermarché Park Slope à Brooklin, les clients ne font pas qu’acheter, ils travaillent aussi trois heures par mois. Avec un chiffre d’affaire annuel de 50 millions de $ et 16 000 membres, il s’agit de la plus grande coopérative alimentaire des États-Unis. Les clients-membres effectuent 80 % du travail requis pour faire fonctionner le supermarché. En retour, ils bénéficient de produits de qualité à des prix inférieurs de 20 % à 40 % à la moyenne.
Une banque villageoise solidaire prête à taux zéro
Les villages de la vallée française d’Aspe se dépeuplaient et s’appauvrissaient. Une centaine de citoyens ont alors décidé de s’impliquer et ont monté l’association Aspe Solidaire. Leur objectif : collecter l’épargne des habitants et proposer des prêts sans intérêts à des porteurs de projets désireux de s’installer dans la vallée, où vivent 2 700 personnes. En 2011, une première levée de fonds a récolté 20 000 euros, qui ont été investis dans cinq projets. Devant le succès obtenu, une seconde collecte a été organisée en 2013.
Dans la même veine, des initiatives de banques populaires ont permis à des habitants de quartiers pauvres du Brésil de créer des emplois et d’améliorer leurs conditions de vie.
Un village espagnol vit la coopération
Depuis 1978, dans le village de Marinaleda en Andalousie (Espagne), tous gagnent le même salaire, qu’ils travaillent au champ, à l’usine ou dans les bureaux, soit 1 128 euros par mois. Ce revenu permet de bien vivre, car tous les services et le logement sont gratuits, ou presque. Les loyers sont en effet de 15 euros par mois pour une maison de 90 mètres carrés. Le droit au logement est garanti : la municipalité fournit le terrain et la personne qui souhaite s’installer est aidée pour construire elle-même sa maison. Alors que l’Espagne est durement touchée par le chômage (taux moyen de 22 %, qui atteint 31 % en Andalousie, et 50 % chez les jeunes de moins de 25 ans), celui-ci est par contre inexistant à Marinaleda. Premier employeur du village, la coopérative municipale répartit le travail disponible entre tous afin d’assurer un revenu à chaque famille. Même si la crise économique affecte tout le monde à Marinaleda, personne n’est pauvre.
En terminant, rappelons la consommation collaborative, dont nous avons déjà parlé.
Comme vous le voyez, il est possible de changer les lois de l’économie ; il suffit pour cela d’un peu d’audace, d’imagination, ainsi que de solidarité.
D’être informé sur ces magnifiques expériences humaines et humanistes est un véritable baume sur ma désespérance quotidiennement alimentée par les situations innombrables de folies meutrières, de bêtises humaines et de nombrilisme (individualisme érigé en dogme) sans borne.
Les gestes que peuvent faire tous les individus s’ils consommaient raisonnablement seraient à 100% efficaces et bénéfiques. Des actions et des gestes quotidiens sont pris pour améliorer les choses et nous devons en engendrer d’avantage.