La Presse rapportait récemment que la rémunération des PDG des grandes entreprises continue d’augmenter plus rapidement que celle des travailleurs. Ainsi, en 2012, avec un revenu moyen de 7,96 millions de $, les cent dirigeants les mieux payés au pays gagnent 171 fois le salaire moyen de 46 635 $. Une nette progression, puisque cet écart était de 105 fois en 1998.
Aux Etats-Unis, selon l’Economic Policy Institute, les écarts sont encore plus prononcés. Le rapport entre le salaire des dirigeants de grandes entreprises et le salaire moyen des travailleurs était de 29 à 1 en 1978, 123 à 1 en 1995, pour passer à 383 à 1 en 2000 (au sommet de la bulle techno) et 273 à 1 en 2012. Quant à la part du revenu national accaparée par le 1 % des plus riches citoyens, elle est passée de 7,7 % en 1973 à 18,3 % en 2007 puis à 19,3 % en 2012. Rappelons qu’en 1928, peu avant le début de la grande crise économique, cette part se situait à 19,6 %…
Puis, à la veille de l’ouverture du Forum économique mondial de Davos, Oxfam rappelait que les inégalités économiques continuent à se creuser. En effet, le 1 % plus riche de la population détient maintenant 50 % de la richesse. De plus, Oxfam souligne que les 85 personnes les plus riches de la planète possèdent autant que la moitié la plus pauvre de la population. Entre 1980 et 2012, cet écart s’est creusé dans 24 des 26 pays pour lesquels des données sont disponibles. En Chine, au Portugal et aux Etats-Unis, les citoyens faisant partie du 1 % le mieux nanti ont plus que doublé leur part de revenus depuis 1980. Même dans des pays réputés plus égalitaires comme la Suède et la Norvège, la part de ce 1% a augmenté de plus de 50 %. Selon Oxfam, « le creusement de ces inégalités est en grande partie dû à la déréglementation financière, aux systèmes fiscaux biaisés et aux règles facilitant l’évasion fiscale. L’organisation dénonce également les mesures d’austérité, les politiques défavorables aux femmes et la confiscation des recettes issues du pétrole et de l’extraction minière ».
Le Forum économique mondial de Davos a identifié les disparités de revenus grandissantes comme un risque majeur pour les progrès humains.
Ces disparités constituent évidemment une injustice. Elles représentent de plus un risque important pour tous les citoyens, car la quête effrénée de la richesse doit s’appuyer sur une croissance économique continue. Or cette dernière est devenue insoutenable, considérant les capacités limitées de notre planète. La cupidité grandissante et insatiable d’une poignée d’individus menace l’équilibre social et environnemental nécessaire à la pérennité de nos sociétés.
Un monde plus juste a toujours été souhaitable. Il est désormais devenu nécessaire.
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