Au chapitre des façons de repenser l’économie, l’Accorderie nous offre un bon exemple de ce qui peut être réalisé lorsqu’on fait preuve de créativité et qu’on ose diverger du modèle dominant.
En alternative aux pratiques commerciales courantes, l’Accorderie propose un système d’échange de services dans lequel le temps constitue la monnaie de base.
Au départ, une Accorderie vise à « lutter contre la pauvreté et l’exclusion sociale en renforçant les solidarités entre des personnes d’âge, de classe sociale, de nationalité et de sexe différents ». Pour ce faire, elle met en place un système d’économie sociale fondée sur la solidarité et les échanges à l’intérieur de la communauté.
Le fonctionnement est simple : les membres offrent des services monnayés en temps. Un service rendu vient ainsi augmenter le solde d’heures en banque de celui qui l’a offert et diminuer le solde du bénéficiaire. Le principe de base est qu’une heure vaut une heure, peu importe la nature du service rendu. Notez aussi que grâce à la banque d’heures, les échanges n’ont pas à être réciproques. Par exemple, je peux offrir mes services de peintre. Si je vais peinturer 6 heures chez quelqu’un, le compte de la banque d’heures de celui-ci diminuera de 6 heures alors que le mien augmentera du même nombre. Je peux ensuite échanger les heures que j’aurai accumulées contre d’autres services offerts par d’autres personnes.
La gamme de services proposés est large : accompagnement, gardiennage, administration, informatique, transport, déménagement, cuisine, rénovation, entretien, jardinage, couture, artisanat, hébergement, voyage, arts, culture, éducation, rédaction, sports, loisirs, et bien d’autres : le catalogue compte plus de mille services. On ne peut cependant échanger que des services, non des biens matériels. Et le paiement ne peut s’effectuer qu’au moyen de la banque d’heures, toujours selon la règle qu’une heure de service rendu égale une heure de service reçu. Lorsqu’une personne devient membre, 15 heures sont déposées dans son compte, afin qu’elle puisse dès lors échanger des services.
Certaines Accorderies peuvent également offrir d’autres services à leurs membres. Tout d’abord, des groupes d’achat, qui permettent d’augmenter le pouvoir d’achat des individus et ainsi acquérir des aliments et biens au prix du gros ; les économies réalisées peuvent atteindre de 30 à 50 % des prix réguliers. Aux gens qui veulent développer leurs connaissances en informatique mais qui ne disposent pas d’un ordinateur, le service Accordi leur en prêtera un pour quelques mois. Un système de prêt solidaire rend le crédit plus accessible, en prêtant des montants de 1 000 $ et moins à un taux raisonnable, pour une période pouvant aller jusqu’à deux ans. Finalement, au delà d’une plate-forme d’échange, les Accorderies deviennent aussi un lieu de rencontre pour leurs membres, en leur proposant différentes activités : repas, soirée de danse, fête, jardin collectif…
Nées au 2002 au Québec, les Accorderies sont depuis 2007 en croissance; on en compte actuellement 10, regroupées au sein du Réseau Accorderie, et d’autres sont en voie de création. Le mouvement est maintenant aussi présent en France, où la Fondation Macif a commencé à développer un réseau français des Accorderies.
En choisissant de favoriser l’échange, l’inclusion et la solidarité au lieu de l’unique recherche du profit, les Accorderies démontrent concrètement que l’économie peut fonctionner autrement et être au véritable service des gens.
ce sont les SEL en Belgique.
Service d’Echange local
Le réseau SEL existe aussi en France.