Face aux problèmes environnementaux, un des réflexes les plus courants consiste à se tourner vers la technologie.
« On trouvera bien quelque chose…» entend-on souvent répondre lorsqu’on évoque la menace des changements climatiques, des pénuries de ressources ou d’énergie. Les sociétés humaines conservent une foi quasi aveugle dans les progrès scientifiques qui, ayant réglé tant de problèmes dans le passé, devraient continuer à faire de même. Mais les avancées technologiques amènent-elles toujours la bonne solution ? Ne contribueraient-elles pas parfois au contraire à aggraver les problèmes ?
Dans Vert Paradoxe (éditions Écosociété, 2013), David Owen développe cette hypothèse. Il s’intéresse particulièrement à la question de l’efficacité énergétique, démontrant que les gains dans le fonctionnement de nos différents appareils, véhicules et procédés ont eu comme conséquence d’augmenter la consommation globale d’énergie au lieu de la réduire.
Owen donne en exemple les procédés de réfrigération, dont l’efficacité s’est accrue significativement au cours des cinquante dernières années ; est-ce qu’aujourd’hui il se consomme moins d’énergie au total pour ces appareils ? Non, car la climatisation, qui était autrefois un luxe vu son coût élevé, est maintenant beaucoup plus abordable et par le fait même plus répandue. Ainsi, en 1960, seulement 12 % des résidences américaines possédaient un système de climatisation ; en 2005, cette proportion était passée à 84 %. Même sous nos latitudes au climat tempéré, un grand nombre de logements possèdent des climatiseurs. En conséquence, on estime que la dépense en électricité des Américains pour la climatisation équivaut maintenant à la consommation électrique totale du pays en 1955.
De plus, les voitures neuves vendues aujourd’hui sont pratiquement toutes équipées d’un climatiseur, alors que c’était l’exception il y a quarante ans. Et il n’est pas rare que des maisons comptent deux frigos, un congélateur, même un mini-cellier.
Les appareils plus efficaces sur le plan énergétique, moins coûteux à produire et à faire fonctionner se sont multipliés, annulant les économies d’énergies escomptées grâce à une meilleure technologie. Avec comme résultat que nous consommons globalement toujours plus d’énergie, en dépit —Owen dit même à cause— des gains d’efficacité.
Un autre exemple se trouve du côté des automobiles. Dans un article du MIT News, l’économiste Christopher Knittel explique qu’entre 1980 et 2006, la consommation moyenne des voitures à essence vendues aux États-Unis est passée de 23 milles par gallon à 27. Durant la même période, le poids de ces véhicules a augmenté de 26 % et la puissance de leur moteur de 107 %. Si la taille et la puissance étaient demeurées les mêmes qu’en 1980, les voitures feraient plutôt 37 mpg, soit un gain d’efficacité de 61 %. L’économie réelle d’essence n’a pourtant été que de 17 %. Donc, les gains d’efficacité se sont en majeure partie traduits par des voitures plus lourdes, plus puissantes, plus équipées (climatiseur, vitres et portes électriques …).
De son côté, David Owen prétend que lorsque la technologie automobile gagne en efficacité, on se retrouve avec plus de voitures que leurs propriétaires utiliseront d’avantage, donc au final une plus grande consommation d’énergie pour produire toutes ces voitures et les faire rouler. La véritable solution ne réside donc pas dans des véhicules et des appareils plus efficaces, mais plutôt dans moins de véhicules et moins d’appareils. Une solution en soi toute simple. Trop simple ? En fait, peu tentante pour notre monde qui carbure à la consommation. Pourtant elle se dessine de plus en plus comme la seule qui s’offre vraiment à nous pour régler des problèmes de l’ampleur des changements climatiques, de la pollution et de l’épuisement des ressources.
une partie de la réponse: »La véritable solution ne réside donc pas dans des véhicules et des appareils plus efficaces, mais plutôt dans moins de véhicules et moins d’appareils. Une solution en soi toute simple. Trop simple? »
Meme constat avec l’essence: vu la prolifération des VUS, pickup etc, il est évident que le prix du litre d’essence est trop bas.
au final »:En fait, peu tentante pour notre monde qui carbure à la consommation »
cqfd