Face aux problèmes environnementaux de plus en plus inquiétants, bien des gens veulent agir pour tenter de « sauver la planète ». Ils recyclent papier, carton et contenants de plastique, changent leurs ampoules électriques et pommeau de douche, baissent d’un degré ou deux le chauffage. Bien que l’on ait souvent entendu que chaque geste compte, cela n’est malheureusement pas tout à fait vrai.
Devant l’ampleur de problèmes comme l’épuisement des ressources et les changements climatiques, il faut rapidement poser des gestes ayant un impact significatif. À cet égard, le premier serait de ne pas posséder de voiture et d’effectuer la majorité de ses déplacements en transport actif ou en commun. Si cela peut être facile pour les habitants des villes bien aménagées et pourvues d’un bon réseau de transport collectif, cela le devient beaucoup moins dans certaines régions où la voiture demeure presque essentielle. Un prochain article reviendra sur la question du transport. Pour l’instant, parlons d’un changement à la portée de tous et qui a un impact semblable à l’abandon de la voiture : réduire ou même éliminer sa consommation de viande.
En 2010, l’ensemble de l’humanité a consommé 286 millions de tonnes de viande, pour une moyenne de 41,8 kg par habitant. La consommation est supérieure dans les pays développés (au Canada, en 2012, on mangeait en moyenne par personne 38,5 kg de viande rouge et 37 kg de volaille, pour un total annuel de 75,5 kg), bien qu’on y observe une légère tendance à la baisse depuis une dizaine d’années, alors qu’elle augmente dans les autres pays. La consommation mondiale de viande a quintuplé entre 1950 et 2000 et, selon les prévisions, elle devrait croître de 70% d’ici 2050.
Or, sur le plan environnemental, l’élevage animal est très exigeant. Ainsi, pour produire un kilo de bœuf, il faut plus de 15 000 litres d’eau et de 7 à 12 kg de céréales. Actuellement dans le monde, 64 % des terres cultivables servent à la production de viande. L’élevage constitue aussi la première cause de déforestation ; selon une enquête de Greenpeace, l’élevage bovin est responsable à 80 % de la destruction de la forêt amazonienne. La surface de sol nécessaire à la production d’un kilo de nourriture varie ainsi :
- bœuf 323 m²
- porc 55 m²
- poulet 53 m²
- pain 16 m²
- légumes 6 m²
Un hectare permet de nourrir 15 personnes lorsqu’on y produit du soja, 6 personnes pour du blé, 3 pour du maïs et seulement ½ personne lorsque cette surface est destinée à l’élevage de bœuf.
L’élevage contribue aussi de façon significative aux changements climatiques. Selon un rapport de l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO), l’ensemble de la production animale émet 7,1 gigatonnes d’équivalent CO2 par an, soit 14,5 % de toutes les émissions d’origine anthropique, davantage que le secteur des transport, responsable d’environ 13 % des émissions. À titre de comparaison, un régime conventionnel comportant viande et produits laitiers équivaut à parcourir annuellement 4 758 km en voiture ; à l’opposé, une alimentation bio sans viande ni produit laitier correspond à un déplacement annuel de 281 km. Les émissions de GES reliées à l’élevage d’animaux proviennent de la production et la transformation de fourrage (45 %), la digestion des bovins (39 %) et la décomposition du fumier (10 %), ainsi que de la transformation et du transport des produits animaux.
Si vous tenez compte des considérations éthiques, les conditions d’élevage industriel de la plupart des animaux destinés à l’alimentation sont si pénibles qu’elles vous convaincront de devenir végétarien. A ce sujet, cette vidéo est particulièrement troublante.
Un dernier argument concerne les impacts sur votre corps d’une grande consommation de viande. Rappelons que l’être humain est un omnivore ; il peut très bien vivre en mangeant peu et même pas de viande. L’important consiste à maintenir une alimentation variée et riche en aliments de qualité (fruits, légumes, noix, céréales, légumineuses…). Selon des études, la surconsommation de viande, et principalement la viande rouge, augmenterait la prévalence des certains cancers (colon, prostate, intestin, rectum), des maladies cardio-vasculaires, l’hypercholestérolémie, l’obésité, l’hypertension, l’ostéoporose, le diabète de type 2, l’altération des fonctions cognitives, les calculs biliaires et la polyarthrite rhumatoïde.
En somme, tant pour sa santé que pour celle de la planète, il est bénéfique de réduire sa consommation de viande ou même de cesser complètement d’en manger. Mais, pour un « carnivore » de longue date, le changement de régime peut ne pas être évident ; voici donc quelques suggestions.
- Une façon plus facile et efficace consiste à opérer une transition graduelle. Si vous mangez de la viande à tous les repas, passez d’abord à un repas carné par jour, puis à un aux deux jours. Cela vous laissera du temps pour vous habituer, mais surtout pour découvrir de nouveaux aliments, de nouvelles saveurs et de nouvelles recettes.
- La viande constitue souvent l’ingrédient principal d’un repas ; réduisez peu à peu son importance en augmentant la part des autres aliments. Une petite quantité peut suffire à donner de la saveur à un plat, par exemple quelques morceaux de poulet dans un riz aux légumes.
- Soyez curieux. Il n’y a pas que le tofu ! Les substituts à la viande sont nombreux et variés. Par exemple, il existe des centaines de variétés de légumineuses.
- Inspirez-vous des cuisines du monde. Moyen-Orient, Asie, Inde, Afrique du Nord, Amérique du Sud, nombreuses sont les cultures où les mets sans viande occupent une place importante.
- Apprenez les techniques, simples, de préparation et de cuisson des légumineuses et céréales.
- En saison, approvisionnez-vous de fruits et légumes locaux, ou faites un potager. Les produits frais sont savoureux et inspirants.
Bien que limiter sa consommation de viande ou l’abandonner complètement puisse demander un certain effort, cela demeure tout à fait possible et à la portée de tout le monde. En plus de procurer des bénéfices personnels, ce changement de régime alimentaire aura des impacts significatifs au niveau de la préservation de notre environnement.
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Sources et références :
S.v.p. commenter sous votre vrai nom.