Montréal vit présentement la fièvre du Grand Prix. Les spectateurs paient le gros prix pour voir les bolides rouler à toute allure, ravis par le rugissement des moteurs suralimentés et les effluves d’essence brûlée. Le culte de l’automobile est ainsi célébré de par le monde dans de grandes villes qui sont prêtes à offrir d’importantes subventions pour attirer le cirque de la F1.
Symbole de puissance, vitesse et prestige, la voiture semble encore occuper une place de choix dans le cœur de bien des consommateurs. Pourtant, ses impacts négatifs sur l’environnement ne font plus de doute. Par exemple, au Québec, le transport est responsable de près de 43% des émissions de gaz à effet de serre. Notre utilisation de l’automobile doit donc être remise en question pour le bien de l’environnement.
Bien sûr, l’option la plus écologique consiste à ne pas posséder de voiture et à se déplacer principalement en transport en commun ou actif. Cela est facile lorsqu’on habite une ville bien desservie par un réseau de transport public, ce qui n’est par contre pas le cas de tout le monde. Il existe quand même plusieurs façons de « modérer ses transports ».
Covoiturage
Sur les plans environnemental et économique, l’auto solo fait piètre figure. Une façon d’en améliorer le bilan consiste tout simplement à augmenter son rendement en prenant un, deux ou trois passagers.
Au Québec, Allo-Stop, le pionnier du covoiturage interurbain, existe depuis 33 ans. Par l’entremise de son site Internet, l’entreprise jumelle conducteurs et passagers pour des trajets au Québec et en Ontario et c’est elle qui en détermine le prix. À titre d’exemple, pour un aller de Québec à Montréal, le passager verse 17 $ au conducteur et un frais (fixe) de mise en contact de 4,60 $ à Allo-Stop.
Amigo Express offre des services similaires, qui couvrent le Canada et les États-Unis. Ici par contre, on suggère un prix pour le trajet, le conducteur étant libre de charger ce qu’il veut.
Existant depuis 2005, Covoiturage.ca compte plus de 80 000 membres et 58 partenaires. Cette entreprise privée à caractère social a développé des technologies qui permettent aux organisations de toutes tailles de gérer de façon simple et efficace un programme de covoiturage, au Québec, au Canada ou partout aux États-Unis.
Covoiturage AMT est un logiciel de covoiturage qui permet de trouver rapidement un ou plusieurs covoitureurs. Le système permet un jumelage entre personnes inscrites en fonction des lieux de départ et de destination, des heures de trajets ainsi que des préférences de chacun. Ce service est gratuit, rapide, sécuritaire et facile à utiliser. Lorsque vous recherchez des covoitureurs auprès d’utilisateurs inscrits, vous obtenez instantanément une liste de personnes qui correspondent aux critères que vous aurez présélectionnés dans votre dossier. Il ne reste plus qu’à contacter par courriel un de ces covoitureurs potentiels et à vous entendre sur les modalités de covoiturage.
Netlift se veut une plateforme de covoiturage moderne et connectée. Dynamique et multimodale, cette application aide les travailleurs et les étudiants à simplifier leurs déplacements quotidiens. Accessible sur le Web et via les téléphones intelligents, Netlift met en contact conducteurs et passagers ; elle permet également de connecter un trajet en automobile à un trajet en transport en commun.
Autopartage
Considérant les coûts élevés de possession et d’opération d’une voiture, il n’est pas rentable d’en acquérir une pour des besoins occasionnels ; l’auto-partage offre une option beaucoup plus intéressante.
Fondée en 1994, Communauto gère le plus ancien et l’un des plus importants services d’autopartage en Amérique. L’entreprise offre des voitures en location selon différentes options, que ce soit pour quelques minutes, une heure, une journée ou plus. Elle dessert Montréal, Québec, Sherbrooke et Gatineau. De plus, avec le service Auto-mobile disponible à Montréal, Communauto offre la location de voitures électriques et hybrides en mode libre-service sans réservation.
Depuis 2013, Car2go offre elle aussi un service d’autopartage à Montréal. Elle ne demande pas de frais d’abonnement, seule l’utilisation de la voiture est facturée, à raison de 0,38 $ la minute. Les voitures sont disponibles à l’intérieur de zones desservies ; elles peuvent être utilisées en dehors de ces zones, mais doivent y être ramenées après usage.
Vous n’habitez pas une ville desservie par un service d’autopartage ? Pourquoi ne pas en instaurer un avec vos proches ? Il est possible d’acquérir une voiture à deux, trois, quatre personnes ou plus, et de s’entendre sur un mode de partage de l’utilisation et des frais. Vous pourriez ainsi réaliser des économies substantielles.
Télé-travail
Au chapitre de la réduction des déplacements, le télétravail apparaît comme une solution fort intéressante. En effet, pour la majorité des automobilistes, la navette entre la maison et le lieu de travail représente la part la plus importante du kilométrage annuel. En réduisant ces trajets, on diminue les émissions de GES ainsi que la congestion routière. De plus, les télétravailleurs bénéficient d’un gain de temps non négligeable ; en effet, il n’est maintenant pas rare que des gens consacrent deux heures par jour pour aller au travail et en revenir. Cinq cents heures par année dans sa voiture, coincé dans le trafic : il existe sûrement des façons plus utiles ou plus agréables d’employer tout ce temps !
En plus de ses bienfaits environnementaux, le télétravail permet donc de gagner du temps et de réduire le stress lié à la conduite automobile, améliorant ainsi la qualité de vie de ceux qui le pratiquent. Et il ne requiert aucune infrastructure, un avantage de poids pour nos gouvernements dont les ressources financières sont limitées.
Bien sûr, il ne s’applique pas à tous les types d’emplois ; il reste qu’un bon nombre de travailleurs de secteurs comme les centres d’appel, l’informatique ou les services financiers peuvent très bien travailler chez eux.
Au Québec, selon une étude de BMO Banque de Montréal, 16 % des entreprises offrent la possibilité de télétravail, alors que pour le Canada, cette proportion monte à 31 %. Et si 9 % des employés canadiens se prévalent du télétravail, on en compte seulement 4 % au Québec ; la Colombie-Britannique arrive en tête au pays, 14 % des employés de cette province travaillant à distance. Le Québec devrait chercher à atteindre au moins la moyenne canadienne, ce qui aurait pour effet de plus que doubler son nombre de télétravailleurs. Pour ce faire, ce sont fort probablement les employeurs qu’il faut en premier lieu convaincre des bienfaits du télétravail.
Rouler plus frugalement
Si vous n’avez d’autres options que de posséder une automobile, il est quand même possible de réduire l’impact environnemental de celle-ci.
Tout d’abord, si vous achetez une voiture, choisissez la plus petite et la plus économique possible, en fonction de votre usage courant. Par exemple, si une compacte répond à vos besoins, sauf pour votre semaine annuelle de camping, il est préférable d’acheter celle-ci et de louer un véhicule plus gros pour vos vacances.
Ensuite, adoptez l’éco-conduite. En modifiant vos habitudes de conduite, vous pourriez économiser jusqu’à 30 % d’essence ! Évitez les accélérations et les freinages brusques. À la place, accélérez doucement et anticipez les arrêts afin de laisser votre auto ralentir par elle-même lorsque vous relâchez l’accélérateur.
Sur l’autoroute, roulez à vitesse constante, idéalement à 90 km/h. Des essais ont prouvé qu’une voiture consommait jusqu’à 20 % moins d’essence à cette vitesse plutôt qu’à 120 km/h. Si votre voiture est dotée d’un régulateur de vitesse, utilisez-le.
Planifiez vos déplacements afin de réduire votre kilométrage. Essayez de faire toutes vos courses hebdomadaires lors d’une même sortie et si possible dans des commerces situés à proximité. Cela ne vaut généralement pas la peine de rouler dix kilomètres pour aller acheter un seul article en solde dans un autre supermarché ; attendez deux ou trois semaines et il sera en rabais dans le votre !
Éteignez votre moteur lorsque vous êtes arrêté plus de 60 secondes.
Gardez vos pneus gonflés à la pression recommandée.
Gardez votre voiture légère et aérodynamique : ne laissez pas votre porte-bagage sur le toit lorsque vous n’en n’avez pas besoin et ne gardez pas d’objets inutiles dans le coffre ou dans l’habitacle.
Pour en savoir plus sur l’éco-conduite :
Transport actif
Pendant des siècles, les humains se sont déplacés par la seule force de leurs jambes. Dans les sociétés industrialisées, les développements technologiques et l’énergie abondante et peu coûteuse ont grandement réduit le recours à cette faculté qui, chez bien des gens, semble quasiment en voie de disparition.
Une personne jouissant d’une condition physique moyenne peut facilement marcher à 5 km/h et rouler en vélo à 20 km/h, une performance bien suffisante pour un bon nombre de nos déplacements quotidiens. Pourtant, à Montréal, 39 % des citoyens résidant à moins d’un km de leur lieu de travail utilisent quand même leur voiture pour s’y rendre ; à l’échelle du Québec, cette proportion monte à 48 %. Le confort de la voiture semble nous avoir beaucoup gâtés…
Le transport actif demande un certain effort, du moins au début. On en découvre cependant rapidement les avantages : souplesse, économie, disparition du stress de la conduite automobile et des problèmes de stationnement, amélioration de la condition physique. Sans oublier qu’il s’agit du mode de transport le moins dommageable pour l’environnement.
En terminant, un petit cocktail pour la route ?
En matière de transport, il n’existe pas une solution unique et idéale convenant à tous. La situation d’un Abitibien diffère évidemment beaucoup de celle d’un habitant du Plateau Mont-Royal. À ceux qui sont prêts à abandonner la confortable mais coûteuse auto solo, une option réaliste consiste à combiner, selon les moments et les besoins, différents modes : transport actif, en commun, covoiturage, autopartage. Cette approche permet de réduire significativement ses dépenses de transport ainsi que son empreinte écologique.
S.v.p. commenter sous votre vrai nom.