Dans plusieurs pays, les dirigeants le serinent depuis quelques années : la dette nationale est devenue trop grosse, il faut la réduire. Et presque partout, on propose la même médecine : l’austérité. Couper les dépenses publiques, réduire les services aux citoyens, en espérant que cela ramène la prospérité, que l’économie roule… et que l’on recommence à s’endetter ?
Mais qu’en est-il vraiment de cette dette inflexible qui semble être devenue maîtresse de nos états ? Est-elle toujours légitime ? Et a-t-on toujours l’obligation de la rembourser ?
Un économiste belge, Olivier Bonfond, a publié « Et si on arrêtait de payer ? » dans lequel il pose des questions très pertinentes sur la dette. Lors de cette entrevue, il résume son propos. Il cite en exemple la Belgique ainsi que d’autres pays européens durement touchés par les récentes crises économiques, où la gestion de la dette et les mesures d’austérité n’ont pas réglé les problèmes. Il avance que les remèdes proposés se révèlent souvent pire que le mal. Et surtout que les citoyens ont le droit de questionner ces dettes nationales qu’on leur présente comme inexorables, alors que comme toute autre construction humaine, elles peuvent être repensées. Surtout si, comme présentement, elles ne servent pas le bien commun.
Pour approfondir la réflexion, l’ouvrage « Dette : 5 000 ans d’histoire » de David Graeber, docteur en anthropologie, économiste et professeur à la London University, analyse le concept de dette sous des angles historique, sociologique et même philosophique. Comment est-il apparu et, surtout, pourquoi a-t-il pris une telle importance dans nos sociétés ? « L’histoire montre, explique Graeber, que le meilleur moyen de justifier des relations fondées sur la violence, de les faire passer pour morales, est de les recadrer en termes de dettes – cela crée aussitôt l’illusion que c’est la victime qui commet un méfait. »
Les dettes ont un impact important sur la vie de gens et des états. Au lieu de les accepter comme un implacable fardeau, nous aurions intérêt à nous interroger sur leur origine, leur utilité et leur bien-fondé.
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