Dans un article récent publié sur EcoWatch, Reynard Loki identifie trois des comportements humains les plus dommageables selon lui pour l’environnement mais que nous pouvons aussi modifier. À ceux qui désirent réduire leur impact écologique, l’auteur suggère des gestes somme toute assez simples.
Premièrement, consommer moins ou pas de viande. L’élevage d’animaux pour l’alimentation humaine est très exigeante en ressources et produit beaucoup de gaz à effet de serre. À l’échelle mondiale, on estime que les émissions de ce secteur surpassent celles du transport. Produire un kilo de boeuf émet 30 kg de GES comparativement (toujours par kg produit) à 0,42 kg pour des carottes, 0,45 kg pour des pommes de terre et 1,3 kg pour du riz. Ainsi, le mangeur de viande typique nord-américain réduirait de 1,5 tonne ses émissions annuelles de GES en devenant végétarien. Notons aussi que ce changement est bénéfique pour notre santé, les médecins nous mettant désormais en garde des effets nocifs d’une trop grande consommation de viande.
Deuxièmement, limiter la natalité. Il s’agit ici d’une question mathématique : les ressources de la Terre (eau, terre arable, minéraux, flore, faune, etc.) étant limitées, la population humaine ne peut pas croître indéfiniment. Au plan de l’empreinte écologique, nous sommes déjà en dépassement, consommant globalement environ 1,5 fois les ressources que notre planète peut nous fournir de façon soutenable. L’auteur donne l’exemple de l’eau potable, qui ne représente que moins de 1 % de toute l’eau présente sur Terre. En 2025, la population devrait atteindre 8,1 milliards de personnes, et plus de la moitié de celles-ci serait vulnérable au niveau de leur approvisionnement en eau. Loki cite aussi l’avertissement de Henry W. Kendall, lauréat du prix Nobel et ancien président de l’Union of Concerned Scientists : « Si nous ne stoppons pas la croissance de la population avec justice et compassion, la nature s’en chargera pour nous, brutalement et sans pitié, nous laissant un monde ravagé ». Au chapitre de l’empreinte écologique, il faut cependant souligner que celle d’un Nord-Américain est de quatre à cinq fois plus grande que celle d’un habitant de pays en développement.
Et finalement, prendre moins souvent ou plus du tout l’avion. Les vols en avion émettent beaucoup de GES ; par exemple, un trajet Montréal-Paris en classe économique entraîne des émissions d’environ une tonne par personne. De plus, le trafic aérien va croissant, ayant augmenté de 83 % depuis 1990.
Dans l’article I’m a climate scientist who doesn’t fly, Peter Kalnus, un scientifique du climat travaillant pour la NASA, explique qu’il a décidé de ne plus prendre l’avion après avoir réalisé que ses trajets aériens produisaient plus des 2/3 de ses émissions annuelles de GES. Il s’agissait dans sa vie du geste le plus significatif qu’il pouvait poser pour réduire ses émissions. Il cite aussi le cas d’une collègue qui voyage beaucoup et qui, pour « faire sa part », refuse les bouteilles d’eau en plastique offertes sur les vols, préférant apporter une bouteille réutilisable. Avec une pointe d’ironie, Kalnus mentionne qu’il faudrait à cette dame refuser 100 000 bouteilles de plastique pour compenser les émissions d’un seul voyage en Asie. Cet exemple illustre bien la limite des « petits gestes » lorsqu’il s’agit de la lutte aux changements climatiques.
Ces façons de réduire nos émissions de GES ne coûtent rien, ne requièrent aucune technologie, elles ne demandent que des changements de comportements. En apparence si simples, pourquoi semble-t-il pourtant si difficile de les mettre en pratique ? Fort probablement parce que les gens ne veulent pas se faire dire quoi manger, comment se divertir, pas plus que le nombre d’enfants qu’ils pourront concevoir, jugeant qu’il s’agit là d’une atteinte à leur liberté : si j’aime la viande, pourquoi m’en priverais-je ? pourquoi j’abandonnerais mes vacances annuelles dans le sud ? et si je veux des enfants, c’est mon choix ! Bien sûr, on ne peut contraindre les gens à abandonner ces comportements ; on doit cependant chercher à leur faire prendre conscience des impacts qu’ils ont sur notre environnement, en espérant ainsi les amener à changer par eux-mêmes.
En conclusion de son texte, Reynard Loki nous rappelle les fameux 3 R : réduire, réutiliser, recycler, en insistant sur le fait qu’il s’agit d’une hiérarchie et qu’il faut d’abord chercher à réduire notre consommation. Un geste simple, à notre portée, mais qui se heurte aux puissants dogmes de l’économie actuelle : la nécessité de croissance, la consommation comme moteur de la société, la promesse d’accomplissement et de bonheur par le bien-être matériel. Il faut d’abord délaisser ceux-ci, de même que l’illusoire « liberté » de choix du consommateur (les entreprises dépensent chaque année des centaines de milliards $ en publicité pour dicter ces choix). Bien sûr, ce passage à une vie plus simple pourra demander à certains un effort, mais ses bénéfices, tant pour l’individu que pour l’environnement, en valent plus que la peine. Et il demeure de beaucoup préférable de l’entreprendre maintenant, volontairement, que d’y être contraints plus tard par des circonstances qui n’auront rien d’agréables.
Crédit photo : Maciek Sliwinski, fr.freeimages.com
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