Il était une fois un Homo Détritus qui pensait à s’acheter un nouveau téléphone cellulaire car, bien que celui qu’il possédait fonctionnait encore très bien, on lui avait dit que le nouveau modèle possédait des fonctions qui lui seraient très peu utiles mais qui feraient de lui un être à la page et surtout, bien vu de ses semblables.
Durant ce temps, probablement dans un pays d’Asie, le nouveau cellulaire voyait le jour dans une grande usine émettrice de gaz à effet de serre, usine qui employaient des gens de tous âges et les faisaient travailler de longues heures dans des conditions très très discutables. Mais cela, l’Homo Détritus préférait l’ignorer.
Parallèlement dans une autre entreprise également située à l’autre bout du monde, tout aussi polluante et employant aussi une main d’œuvre bon marché, on procédait à la fabrication de l’emballage conçu de boite en carton, papier genre cellophane et styromousse de protection. Une fois fabriqué, on transporta cet emballage vers le futur emballé.
Le nouvel appareil, une fois bien coincé dans son emballage surdimensionné et accompagné de milliers de jumeaux, fut transporté par train ou camion vers un port pour être ensuite chargé sur un bateau qui l’emmènerait tout probablement vers le port de Vancouver. Une fois déchargé, celui-ci prit de nouveau train ou camion pour traverser « coast to coast » notre beau grand pays jusqu’à un centre distribution de Montréal.
Notre cellulaire, très certainement plus grand voyageur que son futur propriétaire, n’en était pas au bout de ses peines car de cet endroit, il fut de nouveau transporté vers un commerce où on espérait le garder pas trop longtemps.
Ce fut le cas. Notre Homo Détritus prit sa voiture pour se rendre vers l’objet tant convoité qui lui apporterait très certainement le grand bonheur auquel il aspirait.
De retour dans l’antre de notre ami, les diverses couches d’emballage, après une vie très éphémère, prirent le chemin de la poubelle pour le cellophane et le styromousse tandis que notre Homo Détritus, histoire de se donner bonne conscience, prit quand même soin de déposer le carton dans son bac bleu.
Mais l’histoire ne se termine pas ainsi. La poubelle fut à son tour transportée vers le centre d’enfouissement où après un certain temps les déchets commencèrent à suinter et à contaminer le sol tout en émettant des gaz polluants tandis que le bac bleu prit le chemin du centre de tri. À cet endroit les différentes matières, dans un processus à plusieurs étapes, furent séparées, mises en ballots et transportées vers des pays lointains…
Ce chapitre prend fin de façon temporaire car notre Homo Détritus, très brièvement satisfait de son nouveau bien, recommencera encore et encore, et ce avec des milliers d’objets dans lesquels d’autres Homo Détritus lui feront miroiter le bonheur.
Ad vitam aeternam ? Non. Jusqu’à ce qu’on frappe le mur. Et il approche. Rapidement.
Crédit photo : John Nyberg – freeimages.com
Beau texte…malheureuse image que la nôtre…terriens destructeurs inconscients…
Je suis touchée par ce genre d’article. Je suis dans une démarche zéro déchet et parfois, il est plus facile par manque de temps (je travaille à temps plein et j’ai deux enfants) de reprendre ses vieilles habitudes d’achat au supermarché mais c’est en lisant de tels articles que je me remémore pourquoi je fais des efforts depuis 1 an. Je n’habite pas dans une grande ville où les magasins zéro déchets commencent à s’implanter mais plutôt dans une petite ville où je n’arrive pas à trouver tout ce dont j’ai besoin en vrac… mais à la lecture de cet article, je suis contente pour tous les emballages que j’ai tout de même pu éviter au fil du temps.
Merci Andréanne Pelletier pour votre beau commentaire. Bravo de persévérer dans votre démarche. Chaque geste est important.