Nous vous invitons à regarder cet enregistrement vidéo d’une conférence d’Éric Pineault qui aborde de façon très éclairante le marché des hydrocarbures, les émissions de GES et la transition énergétique.
On y apprend que, entre 1965 et 2015, la demande énergétique mondiale a quadruplé et qu’elle est encore aujourd’hui très majoritairement comblée, soit à 85%, par les hydrocarbures. Si au cours des dix dernières années la consommation de charbon a diminué, celle du gaz naturel a en contrepartie beaucoup augmenté. Alors que depuis les années ’90, la consommation énergétique des pays de l’OCDE est demeurée relativement stable, elle s’est fortement accrue en Asie.
Le pétrole sert aussi à fabriquer le plastique, qui consomme actuellement environ 10% de la production de cette ressource. On prévoit que la demande pour le plastique doublera d’ici 2030. Éric Pineault souligne au passage que depuis l’an 2000, on a produit plus de plastique qu’au cours de tout le 20è siècle !
Après avoir tracé un portrait du secteur des hydrocarbures, le conférencier aborde la question des changements climatiques, en présentant les prévisions d’augmentation de la température moyenne du globe d’ici la fin du 21è siècle, prévisions qui n’ont rien de rassurant :
- Si rien n’est fait, 5° C
- Si les engagements pris à Paris (COP21) se réalisent, de 3° à 4° C
- Cible fixée par les scientifiques pour éviter les catastrophes, de 1° à 2° C
Pour atteindre cette dernière cible, il faut réduire drastiquement nos émissions de GES, pour qu’elles atteignent 0 en 2060 ! Ne nous le cachons pas, il s’agit d’un travail colossal.
Au Québec, 56% de notre consommation énergétique provient des hydrocarbures. Depuis 2009, les émissions de GES sont relativement stables, à environ 82 MégaTonnes/année. Pour rencontrer nos objectifs, nos émissions devraient diminuer ainsi :
- 2020 : 71 MT
- 2030 : 56 MT
- 2050 : 18 MT
- 2060 : 0 MT
A-t-on un plan réaliste pour y arriver ? Pas vraiment, répond Pineault. La plus grande partie de notre consommation provient du transport et du chauffage. Or, depuis plusieurs années, on observe une augmentation du nombre de véhicules ainsi que de la superficie des bâtiments. Au final, cette croissance annule les gains d’efficacité réalisés.
À titre d’exemple, l’augmentation de la taille des bâtiments résidentiels, commerciaux et institutionnels est plus grande que le taux de croissance de l’économie. Depuis dix ans, le nombre de véhicules de promenade croît deux fois plus que le nombre d’habitants ; pire encore, la majorité des véhicules vendus sont maintenant des VUS et des camions légers, plus polluants que les voitures.
La consommation de pétrole du secteur des transport se répartit ainsi :
- 47% pour le transport personnel
- 37 % pour le transport des marchandises
- 0,7% pour le transport interurbain (autobus et trains)
Selon Pineault, ne pas affronter le lien entre la croissance et le besoin en énergie, c’est se mettre la tête dans le sable. La seule façon d’atteindre les objectifs de réduction d’émissions de GES consiste à entreprendre dès maintenant une descente énergétique. Il faut diminuer le flux énergétique et apprendre à vivre avec environ la moitié de ce qu’on consomme actuellement.
Le salut ne peut venir de la technologie. Premièrement, celle-ci entraîne des coûts importants. Ensuite, les gains qu’elle procure sont capturés par la croissance économique, donc en bout de ligne, on ajoute au lieu de remplacer. Finalement, le progrès technologique nous rassure et maintient l’inertie : grâce à lui, nous croyons, à tort, que nous n’avons pas besoin de changer fondamentalement notre économie et notre mode de vie. Au contraire, soutient Éric Pineault, les infrastructures collectives doivent devenir plus passives sur le plan énergétique. On doit se tourner vers le low-tech. Celui-ci exige généralement plus de main d’oeuvre, mais réduit les rentes technologiques, ce qui est moins payant pour les entreprises.
Pineault conclut en rappelant que la seule véritable solution demeure la décroissance.
Crédit photo : Julie Elliot-Abshire, Freeimages.com
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