Dans ce troisième et dernier texte, Micheline nous livre, après toutes ces années de recherches et de tentatives échouées, sa réflexion actuelle, ses conclusions personnelles et quelques références.
Dernièrement, j’ai rencontré une personne impliquée dans le développement d’un écohameau en Estrie. J’avais déjà eu un contact avec la personne qui l’a démarré et, après lui avoir parlé, j’avais décidé de ne pas m’investir dans ce projet dont la principale finalité est une ferme biologique. Je ne voulais pas juste « faire pousser des patates ». Je veux aussi donner des ateliers en lien avec la connaissance de soi. Ma discussion avec cette autre personne laissait entrevoir une possibilité d’avoir des micro-entreprises, je pourrais avoir une place pour des ateliers!
Le lendemain, je suis allée voir le village : 50 km, 50 minutes, juste des champs… Je me suis sentie tellement seule et isolée! De plus, qui viendrait faire un atelier si loin quand l’essence coûtera trop cher ou qu’il n’y en aura juste plus! Je repense aux compromis que j’ai déjà faits et que j’ai regrettés, et je décide que ce n’est pas le bon projet pour moi!
Cette expérience m’amène dans une réflexion que j’avais d’ailleurs commencée il y a plusieurs semaines. Si tout le monde part des villes pour se bâtir des écohameaux et des écovillages dans les campagnes où il reste de la terre, des arbres, de l’espace… est-ce qu’on n’est pas en train d’utiliser encore des ressources de la planète (bois, etc.) pour bâtir? Est-ce que nous allons juste épuiser des matériaux différents? Qu’est-ce qui adviendrait de tous les bâtiments des villes? Est-ce que ce serait une fuite en avant? Vers un ailleurs meilleur, poussés par la peur suite à tous les films et documentaires qui nous montrent le pire qui peut arriver si nous ne faisons rien?
Je crois que c’est aussi dans nos esprits qu’il faut changer les choses, en-dedans de nous! Changer de paradigme et prioriser l’humain avant l’argent. L’argent devrait être au service de l’humain et non l’humain au service de l’argent, comme c’est le cas dans la société de consommation actuelle.
Je réfléchis à la possibilité de demeurer dans les villes et d’occuper des bâtisses qui existent déjà. Pourquoi ne pas les rénover pour les rendre plus écologiques? Des maisons pourraient être partagées. Des multiplex pourraient être convertis en coopératives. Nous pourrions plutôt refaire des liens avec les voisins et créer des micro-communautés pour s’entraider à l’intérieur des villes. Sans exclure les villages, écohameaux et écovillages, il y aurait une diversité de communautés possibles où nous pourrions choisir de vivre en fonction de nos besoins et de ce que nous avons à partager avec les autres.
À la ville, ça pourrait être de promouvoir encore plus les fermiers de familles pour s’alimenter en plus d’avoir des jardins dans nos espaces verts plus résidentiels. J’ai vu des reportages sur des villes au Québec qui font pousser des légumes partout!
Les organismes communautaires offrent déjà une multitude de services à la population et constituent notre filet social. Misons sur eux et sur des services publics accessibles pour une qualité de vie basée sur les relations humaines.
Selon moi, simplifier nos vies, vivre dans la sobriété et de façon écologique n’est pas le plus grand défi auquel nous avons à faire face. Le vivre ensemble m’apparaît le défi ultime. Pour une bonne partie des gens, nous sommes devenus très individualistes, centrés sur soi, sur nos besoins, nos désirs, nos attentes et tout le reste. La solidarité, le partage, l’entraide, la résilience sont parmi les qualités que nous avons à développer pour arriver à vivre harmonieusement en communauté. Passer du mode faire au mode être. Prioriser l’humain sur l’économie. Ma réflexion est encore en évolution…
Et vous, qu’est-ce que vous en pensez?
Micheline Claing
Textes précédents
Pour aller plus loin, quelques liens utiles concernant les communautés et divers projets au Québec
Livres
- CHRISTIAN, Diana Leafe. Vivre autrement : écovillages, communautés et cohabitats, Écosociété, 2006
- NOZICK, Marcia. Entre nous. Rebâtir nos communautés, Écosociété, 1995
Répertoires
- Répertoire des éco-communautés du Québec – Vers un habitat créatif et responsable
- Répertoire des éco-communautés du Québec
Projets
- Coopérative de propriétaires – Coop Des Prés, Waterville/Le Petit Quartier, Fleurimont
- La Cité Écologique – Un écovillage depuis 1984
- Le GREB : Le Groupe de recherches écologiques de La Baie et l’Ecohameau de La Baie
- TerraVie – Fonds foncier communautaire
- Cohabitat Québec – Une communauté de voisins dans un village urbain
- Écohameau Les Bernaches – Projet en démarrage, en Estrie
- Habitat Multi Générations – Développement domiciliaire durable, projet dans les Laurentides et dans l’Estrie (mini maisons)
- Terre de la Réunion – Village écologique en développement à Ste-Lucie-des-Laurentides
- Municipalité de Saint-Camille – Où la communauté a pris en charge son développement
- Quartier nourricier : nourrir, verdir, partager – Centre sud – Montréal. Pour s’inspirer! et leur page Facebook
Autres références
- Habitat durable: mieux comprendre, planifier et construire nos milieux de vie
- Agriculture urbaine: un potager, un verger et une forêt nourricière en libre-service à Victoriaville
- Je veux vivre dans un écovillage où l’on respecte l’humain et la planète
- Écovillage et éco-communautés : comment vivre autrement?
- Villes et villages écoresponsables
- Hameau 18 : vivre en quasi autonomie
- Naissance d’un éco-hameau forestier, solidaire et autonome dans Lanaudière
- Page Facebook Écovillageois recherchés
- Groupe Facebook ÉcoCommunautés du Qc : éducation, coopération, solidarité et autonomie
Il y en a sûrement d’autres!
Merci Micheline pour vos trois textes que j’ai lus avec beaucoup d’interet. Ceux-ci me semblent être le fruit d’une belle et longue réflexion et j’en crois que cela rejoint beaucoup de gens, en tout cas moi ça me rejoint énormément. Je n’ai pas non plus envie de m’exiler dans une lointaine région, j’habite la banlieue et je pense qu’il serait-ce tout à fait possible comme vous le dites de créer des « eco-villages » urbains ou les gens pourraient vivre en communauté, partager, s’entraider. Sommes-nous trop utopistes ??? J’ose espérer que non.
Après toutes mes recherche de vivre autrement me donne la force d’aller de l’avant, oui je crois que s’est possible aujourd’hui de créer des liens humains là ou nous sommes. Partageons nos expériences et nos vies.
Entièrement d’accord avec Micheline. Je suis présentement dans cette recherche de trouver des moyens de créer des liens entre nous. De se donner des outils pour qu’on puisse s’épanouir individuellement et collectivement dans notre milieu.
Je viens d’avoir 64 ans ,je vis seule et maintenant je suis triste de n’avoir pas approfondi et réaliser mon idée dans laquelle il est important d’être moins individualiste
Cette idée est vraiment à mettre en œuvre pour l’avenir ,revenir aux sources ,la communauté, l’entraide ….
Il faut que les mentalités changent, moi personnellement je suis une convaincue , mais par manque de moyens et aussi de contacts concrets cela reste un rêve pour moi malheureusement….sauf…..un miracle ….que des personnes avec beaucoups énergie et de volontés fassent de mes rêves une réalités
Bonjour, je suis un homme début quarantaine et je suis beaucoup déçu du modèle hierarchique et consommateur que nous avont la société. De nos jour on est tous roi sur la terre, et nous allons droit vers le ravin. Il faut s’entraider et vivre en communauté et non individualiste avec une pensée (je,me et moi) etre égoïste. Sil a quelqu’un qui pourrais maider de sortir de ce maleur jembarque avec vous car cest dans une equipe que nous somme les plus forts.